C’est Emmanuel Dron qui répond à nos questions, copropriétaire de The Auld Alliance, un bar et une société spécialisée dans les whiskies, rhums et autres alcools rares à Singapour et auteur du livre « Collecting Scotch Whisky, an illustrated encyclopedia ».

 

   

> Quel est votre spiritueux préféré et pourquoi ?

Difficile de répondre à cette question car j’aime les Rhum, Cognac, Calvados, Fine de Bourgogne etc. Mais si je devais choisir cela serait le whisky bien entendu car je m’y consacre depuis presque 25 ans maintenant et que cela reste toujours ma passion.

> Quel est votre cocktail préféré et pourquoi ?

Le Mojito ! Un cocktail qui parait simple à faire mais qui est assez souvent mal préparé. Je suis un fumeur de cigare régulier et le Mojito reste l’accord parfait pour mon propre goût.

> Le top 5 de vos bars préférés monde, puis France?

  • Calvador Kyoto / Japon
  • Cask Strength Tokyo / Japon
  • La Casa Cubana / Singapour
  • Brandy Library / New York
  • Club Qing / Hong-Kong

Concernant la France (c’est un peu la honte pour moi) mais malheureusement je n’y suis que très rarement donc je ne connais que peu d’endroits. J’ai plus tendance à visiter des restaurants que des bars quand j ’y retourne. J’avais dernièrement passé un super moment au bar du bout du monde à Beaune. Superbe liste de vins et belle liste de whiskies.

> Qu’est-ce qui vous a inspiré à choisir ce métier ?

Le whisky ! C’est vers 1994-1995 que j’ai découvert la diversité de ce spiritueux et que j’ai décidé d’en faire ma carrière en créant une newsletter d’abord (La Part des Anges en 1996) puis en joignant La Maison du Whisky de 1997 à 2010. J’ai ensuite créé ma société The Auld Alliance a Singapour en 2010 et ouvert le bar en janvier 2011.

> Que pensez-vous de la tendance low ABV et des cocktails sans alcool ?

Le low ABV, du moment que ce n’est pas en dessous de 40% cela ne me pose pas de problème !! Plus sérieusement, je bois moins de Cask Strength qu’avant. Avec l’âge j’apprécie des alcools qui sont réduit de belle manière et avec des degrés entre 45-50%.

> Et du retour en grâce des liqueurs et spiritueux ‘old school’ ces dernières années ?

Quand je vois des projets comme celui de Karim Karroum et la distillerie de Grandmont qui produit une magnifique Gentiane, je trouve cela génial. On a en France un tel passé avec de nombreux liqueurs et spiritueux que notre génération a oubliés, c’est important de les faire revivre.

> Rhum plutôt pur jus ou de mélasse ?

Les deux mon capitaine ! J’ai vécu 8 ans à l’ile de la Réunion. Je me souviens d’avoir eu en arrivant des idées assez arrêtées, en privilégiant les Rhums de Jus. Lorsque j’ai rencontré en 2002, Laurent Broc, à l’époque le directeur de Savanna (qui distillait plusieurs types de Rhum en utilisant aussi le Jus et la Mélasse) j’ai passé régulièrement du temps dans les chais et à échanger. Il m’avait vite fait tomber mes certitudes ! Donc les deux !

> Comment imaginez-vous le monde du rhum dans 5 ans ?  

J’espère que le monde du Rhum ne prendra pas la même tournure que celui du whisky avec une baisse drastique des fûts de qualités disponibles, le contrôle des « grandes maisons » sur l’utilisation des noms des distilleries sur les étiquettes d’embouteilleurs indépendant, et les prix qui ont explosé. Malheureusement pour ce dernier point, on a déjà tout l’air de prendre le chemin du monde du whisky ….

> Quel est votre point de vue sur les embouteilleurs indépendants de rhums ?

Les embouteilleurs indépendants sont nécessaires pour moi dans le monde des alcools. Ce sont généralement eux qui font bouger le monde parfois plus « figé », « industriel » des marques.

C’est vrai dans le whisky. Sans les embouteilleurs indépendants, le monde du whisky serait bien différent aujourd’hui. C’est aussi vrai dans le Cognac. Prenons les Cognac Grosperrin, ils ont vraiment bousculé un monde un peu « poussièré » qui avait besoin d’une approche vraiment nouvelle au bénéfice de la qualité et de la traçabilité pour le consommateur. Au final cela a fait bénéficier le monde du Cognac en revitalisant l’image d’un alcool magnifique qui avait perdu un peu de sa superbe.

 

Pour le Rhum, c’est pareil. J’ai découvert mes premiers rhums de qualité au travers de la société Bristol. Luca Gargano avec Veliers a fait un travail incroyable d’embouteillage mais aussi de promotion du Rhum. Le monde du Rhum en général peut lui en être bien reconnaissant.

 

D’ailleurs les marques ont tout à y gagner en travaillant avec les indépendants. Marc Sassier a permis récemment à Corman-Collins un magasin spécialiste de Rhum en Belgique mais aussi un embouteilleur indépendant avec ses propres embouteillages de Rhum, de sélectionner un J.Bally 18 ans absolument magnifique. Cela montre bien que les deux mondes, celui des embouteilleurs indépendants et celui des « marques » (j’utiliserai plutôt le terme « distilleries » plutôt que « marques ») ne sont pas antinomiques.

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